C’est l’une des pages les plus sombres de l’histoire de France. Le 17 octobre 1961, alors que la guerre d’Algérie touche à sa fin, une manifestation de “Français musulmans d’Algérie” (FMA) est violemment réprimée à Paris. Leur crime ? Avoir manifesté pacifiquement, à l’appel de la Fédération de France du Front de libération nationale (FLN), contre le couvre-feu qui leur était imposé par le préfet de police de la capitale, Maurice Papon. Cette nuit-là, puis dans les jours qui suivirent, des hommes furent battus, exécutés ou jetés dans la Seine par les forces de police.
Étouffé dans un premier temps par les politiques et les forces de l’ordre, censuré dans les médias, puis occulté, ce drame, désigné comme “la plus violente répression d’État contemporaine jamais appliquée à une manifestation de rue en Europe occidentale” par les historiens britanniques Jim House et Neil MacMaster, est toujours sujet à controverse.
Pendant plusieurs décennies, le bilan officiel fut de trois morts. Aujourd’hui, il est d’au moins 48 morts pour cette seule nuit d’octobre, même si pour nombre d’historiens, il dépasse largement la centaine.
Soixante ans après ce qui fut qualifié de “massacre” par le parquet de Paris le 12 février 1999, d’aucuns attendent un geste fort du président Emmanuel Macron.
Manifestants, témoins du drame, familles de victimes, associations ou encore historiens réclament la reconnaissance d’un “crime raciste”, d’un “crime d’État”.