Double surprise lors du premier tour du congrès LR dont les résultats ont été annoncés le 2 décembre : Éric Ciotti (25,6 % des voix ) s'est qualifié pour le second tour où il affrontera Valérie Pécresse (25 %), tandis que Xavier Bertrand (22,36 %), qui passait pour le mieux placé à droite, a été éliminé, comme Michel Barnier (23,93 %). Philippe Juvin termine à la 5e position avec 3,13 % des voix.
Les deux candidats encore en lice ont encore quelques heures pour prendre position avant le second tour, qui commencera vendredi à minuit et se terminera samedi 4 décembre à 14 h. Les résultats seront annoncés à 14 h 30 lors d'une conférence de presse.
Ayant débuté en politique dans les années 1990 comme collaborateur parlementaire du député des Alpes-Maritimes Christian Estrosi, puis comme membre du cabinet de Jean-Claude Gaudin à la présidence de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Éric Ciotti est élu député des Alpes-Maritimes en 2007. Il se fait un nom en étant l’auteur d’une loi adoptée en juin 2010 et visant à lutter contre l’absentéisme scolaire en supprimant les allocations familiales destinées aux parents des enfants concernés. Il investit également le terrain sécuritaire et est chargé de ces questions au sein de l’UMP – ancien nom du parti Les Républicains – à partir de 2009.
Incarnant une ligne très marquée à droite au sein de LR, Éric Ciotti, 56 ans, qui a soutenu François Fillon jusqu’au bout lors de la présidentielle de 2017 après avoir fait la campagne de Nicolas Sarkozy lors de la primaire de 2016, refuse d’appeler au "front républicain" lors du second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen. Aujourd’hui candidat à l’investiture de son parti pour l’élection suprême, il n’hésite pas à reprendre à son compte la théorie du "grand remplacement" et va jusqu’à affirmer qu’il préférera voter Éric Zemmour plutôt qu’Emmanuel Macron en cas de face-à-face entre les deux hommes au second tour en avril 2022.
- semaine de 39 h payée 38 h dans la fonction publique et dans le privé
- remplacement de la progressivité de l’impôt par un impôt à taux unique de 15 % applicable au-delà d’un Smic
- suppression des taxes sur les successions et les donations des grands-parents à destination des petits-enfants
- augmentation de 2 points de la TVA
- instauration de peines planchers dès le premier délit contre les représentants de la force publique
- création d’un "Guantanamo à la française" pour les personnes fichées S jugées les plus dangereuses
- création de 40 000 places de prison
- instauration du droit du sang à la place du droit du sol
- fin du regroupement familial automatique
- sortie de l’espace Schengen
- priorité nationale pour les emplois, les allocations et les logements et mise en place d’un permis à points migratoire
- suppression de 250 000 postes de fonctionnaires
- baisse des dépenses publiques de 100 milliards d’euros
- création d’une allocation sociale unique qui ne pourra jamais excéder les deux tiers du Smic
- recul de l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans
- renforcement de la présence du nucléaire dans le mix énergétique français avec la construction de six nouveaux EPR
Les propositions d’Éric Ciotti en matière de sécurité, d’immigration et de lutte contre le terrorisme islamiste le placent à la frontière de l’extrême droite sur l’échiquier politique. Et pour cause, nombre d’entre elles ont déjà été entendues dans la bouche de Marine Le Pen ou du quasi-candidat Éric Zemmour.
Autre favorite pour l’investiture du parti Les Républicains avec Xavier Bertrand, Valérie Pécresse a elle aussi dû reprendre sa carte d’adhérente à LR – elle avait quitté le parti au lendemain de la débâcle des européennes de 2019 – pour pouvoir participer au congrès de décembre. À la différence de son principal concurrent, la présidente de la région Île-de-France – depuis 2015 – n’a en revanche jamais souhaité faire cavalier seul et a constamment appelé à l’organisation d’une primaire.
À 54 ans, Valérie Pécresse espère gravir la dernière marche d’une carrière politique rondement menée et qui l’a menée aux fonctions de députée des Yvelines de 2002 à 2007 puis de 2012 à 2016, de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (2007-2011), de ministre du Budget et porte-parole du gouvernement (2011-2012).
Représentante d’une droite modérée, elle soutient Alain Juppé lors de la primaire de 2016 puis, en créant en juillet 2017 le mouvement Soyons libres au sein de LR, se présente comme une opposante à Laurent Wauquiez, élu président du parti en décembre de la même année. Elle durcit toutefois son discours, notamment sur l’immigration, en prévision du congrès LR de décembre 2021.
- permission pour les entreprises d’augmenter le temps de travail jusqu’à 39 h par semaine
- mise en place d’un régime de donations défiscalisées allant jusqu’à 100 000 euros tous les six ans
- création d'un crédit d’impôt de 50 % pour les personnes qui investiront jusqu’à 20 000 euros dans des entreprises existantes et situées dans des communes de moins de 20 000 habitants
- revalorisation de 10 % des salaires net jusqu’à 2,2 Smic en diminuant les cotisations salariales
- réduction des cotisations sur les retraites pour augmenter les salaires
- allocations familiales dès le premier enfant et rétablissement de leur universalité
- défiscalisation des pensions alimentaires pour les femmes séparées
- expulsion pour menace à l’ordre public de tous les étrangers dont le comportement participe à l’islamisme radical
- augmentation des moyens des tribunaux de 50 %, soit 3 milliards d’euros
- création de centres fermés pour les majeurs condamnés à porter un bracelet électronique, doublement du nombre de centres éducatifs fermés pour les mineurs et création de 20 000 places de prison
- vote d’une loi constitutionnelle pour mettre en place des quotas
- reprise de l’affrètement d’avions charters d’éloignement avec le soutien de l’agence européenne Frontex
- renforcement et contrôle des conditions de regroupement familial
- suppression de 150 000 postes de fonctionnaires
- renforcement de la dégressivité de l’assurance-chômage
- recul de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans
- objectif de neutralité carbone en 2050 en décarbonant notamment les transports
- création d’une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne
- création de six nouveaux EPR, développement de l’éolien, mais avec l’assentiment des populations
Seule femme à se présenter au congrès LR de décembre, Valérie Pécresse met notamment l’accent sur la politique familiale avec la restauration de l’universalité des allocations familiales dès le premier enfant, leur augmentation de 20 % pour les familles de deux enfants ou le doublement du crédit d’impôt pour développer les emplois de service à la personne.
À 70 ans, Michel Barnier possède, malgré son relatif manque de notoriété, un CV bien fourni. Plusieurs fois ministre – de l’Environnement (1993-1995), des Affaires européennes (1995-1997), des Affaires étrangères (2004-2005) et de l’Agriculture (2007-2009) –, commissaire européen à deux reprises – à la Politique régionale (1999-2004) et au Marché intérieur et aux Services (2010-2014) –, ancien sénateur et ancien député européen, il est revenu dans la lumière entre 2016 et 2021 en devenant le négociateur en chef de l’Union européenne sur le Brexit.
Michel Barnier a commencé sa carrière politique à la fin des années 1970 : élu député de Savoie à l'âge de 27 ans en 1978, puis président du conseil général en 1982, il joue un rôle majeur au côté du triple champion olympique français de ski alpin Jean-Claude Killy dans l’obtention et l’organisation des Jeux olympiques d’Albertville en 1992.
Resté fidèle à son parti, il est le candidat ayant reçu le plus de parrainages d’élus LR avec 702 signatures revendiquées et fait donc figure d’outsider derrière le duo Xavier Bertrand-Valérie Pécresse. Il avait soutenu Bruno Le Maire lors de la primaire de la droite et du centre en 2016.
- baisse de 10 milliards d’euros des impôts de production
- réduction des cotisations sociales sur les "salaires intermédiaires" (de 1,6 à 2,5 Smic)
- augmentation du nombre d’heures travaillées par semaine
- revalorisation des rémunérations des personnels de santé et de l’éducation
- retour de l’universalité des allocations familiales et restauration par étapes du plafond du quotient familial au niveau de 2012
- création d’un ministère de la Sécurité publique ayant autorité sur la police, la gendarmerie et l’administration pénitentiaire
- doublement du nombre de magistrats
- création de 20 000 places de prison
- rétablissement de la double peine pour les étrangers (consistant à les expulser du territoire une fois leur peine effectuée) et des peines planchers
- limitation du regroupement familial et diminution, au moins de moitié, de l’immigration de travail et du nombre d’étudiants étrangers
- fixation par le Parlement de quotas annuels d’immigrants autorisés à entrer en France
- organisation d’un référendum pour adopter un bouclier constitutionnel temporaire visant à exempter la France de l’application des traités internationaux et des conventions en matière d’immigration
- création d’une allocation sociale unique et plafonnée en remplacement du RSA, de l’allocation-chômage et de toutes les aides sociales ; suspension de cette allocation pour les chômeurs après deux refus d’une "offre d’emploi raisonnable"
- recul de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans
- création d’une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne
- Ayant négocié les termes du Brexit avec le Royaume-Uni, Michel Barnier estime avoir compris l’exaspération des peuples face à la technostructure européenne. Il propose d’y répondre pour la France en limitant l’immigration mais aussi en proposant une journée de consultation annuelle sur des sujets locaux et nationaux, durant laquelle seront organisés plusieurs référendums.
Retour à la case départ. Après avoir quitté Les Républicains en décembre 2017 et clamé pendant plusieurs mois qu’il serait candidat à l’élection présidentielle sans passer par le moindre processus de sélection, Xavier Bertrand, 56 ans, a finalement été contraint de participer au congrès LR et même de reprendre sa carte d’adhérent afin de pouvoir voter. Favori des sondages qui lui attribuent régulièrement de meilleurs scores au premier tour de la présidentielle que ses concurrents, cet ancien agent général d’assurance va toutefois devoir convaincre les militants du parti de droite de le désigner. Pour ce faire, Xavier Bertrand met en avant sa notoriété et son expérience : ancien député de l’Aisne (2002-2016), secrétaire d’État à l’Assurance maladie (2004-2005), ministre de la Santé (2005-2007), ministre du Travail (2007-2009), puis ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé (2010-2012), maire de Saint-Quentin (2010-2016) et président depuis 2016 de la région Hauts-de-France.
Sa victoire face à Marine Le Pen au second tour des régionales de décembre 2015 lui permet de se présenter depuis comme un rempart face à l’extrême droite. Il invoque d’ailleurs l’absence de consigne de vote claire de LR en faveur d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle de 2017 et l’arrivée à la tête du parti du très droitier Laurent Wauquiez pour justifier son départ de la formation cette même année. Il n’avait soutenu publiquement aucun candidat à la primaire de la droite et du centre en 2016, mais avait déclaré après coup avoir voté pour François Fillon.
- baisse de 35 milliards d’euros des impôts de production
- augmentation du temps de travail jusqu’à 39 h par accord ou référendum dans les entreprises avec les heures travaillées au-delà de 35 h sans cotisations sociales et défiscalisées
- augmentation des impôts visant les Gafam
- création d’une prime au travail pour que tous ceux travaillant à temps plein touchent au moins 1 500 euros net
- développement de la participation pour un meilleur partage des bénéfices des entreprises
- augmentation des budgets de la sécurité et de la justice
- accélération du fonctionnement de la justice en permettant la substitution du juge par le procureur pour des peines encourues allant jusqu’à cinq ans
- mise en place de peines minimum obligatoires, dont une peine de cinquante ans pour les terroristes
- révision de la Constitution par référendum pour que le Parlement puisse fixer chaque année des quotas d’immigration
- réduction de l’immigration familiale en imposant un "passeport républicain" certifiant une maîtrise du français et le respect des principes de laïcité, d’égalité et de primauté de la loi républicaine
- expulsion de tout étranger condamné à de la prison ferme au terme de sa peine
- vote d’une loi d’urgence migratoire pour un éloignement sécurisé des clandestins
- augmentation du temps de travail des fonctionnaires au-delà de 35 h pour réduire leur nombre
- baisse de la dépense publique
- recul de l’âge légal du départ à la retraite à 64 ans
- investissements massifs dans les infrastructures de transports, notamment le réseau routier, les lignes ferroviaires à grande vitesse, les lignes de proximité et le fret
- construction de dix nouveaux réacteurs nucléaires
- arrêt des installations d’éoliennes
Xavier Bertrand s’appuie sur le concept de "République des territoires" pour aller beaucoup plus loin dans le principe de décentralisation. En dehors des questions de sécurité, de justice, d’immigration, de lutte contre le terrorisme, d’éducation et de santé, toutes les décisions du quotidien (emploi, social, écologie, etc.) devront être prises par les élus de terrain.
À 57 ans, Philippe Juvin est de loin le candidat le moins connu parmi les cinq prétendants à l’investiture LR. Médecin anesthésiste-réanimateur et chef des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou à Paris, il est entré dans la lumière en 2020 à la faveur de la crise sanitaire du Covid-19 en étant régulièrement invité sur les plateaux de télévision. Maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) depuis 2001 et conseiller régional d’Île-de-France depuis juillet 2021, Philippe Juvin a également été député européen entre 2009 et 2019 et conseiller général des Hauts-de-Seine entre 2004 et 2009.
Lors de la primaire de 2016, il soutient Nicolas Sarkozy, dont il est proche, avant de rallier François Fillon après la victoire de ce dernier. Il appelle publiquement à voter Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle de 2017. Contrairement à ses concurrents qui entendent réduire le nombre de fonctionnaires en France, lui se présente comme le "candidat des services publics".
- baisse de 35 milliards des impôts de production, notamment pour les entreprises hors des métropoles
- permission pour les entreprises d’augmenter le temps de travail jusqu’à 39 h par semaine
- baisse d’impôts massive
- division par deux du taux de TVA sur les biens entièrement produits en France
- rétablissement des peines planchers
- création d’une police municipale armée pour chaque ville de plus de 10 000 habitants
- création de 30 000 places de prison
- expulsion de tout étranger condamné à des délits graves pour que la peine soit purgée dans son pays d’origine et interdiction définitive de retour sur le territoire national
- suspension des accords de Schengen
- sortie de la Cour européenne des droits de l’Homme afin de mettre en place des quotas nationaux annuels
- fin du droit automatique au regroupement familial pour les immigrés
- redistribution de 200 000 postes de fonctionnaires pour sortir les agents des bureaux
- création d’un ministère des Santés et doublement du nombre d’étudiants en deuxième année de médecine pour mettre fin aux déserts médicaux
- introduction de 50 % de capitalisation dans le financement des retraites avec la création de fonds de pension garantis par l’État
- recul de l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans
- objectif de 50 % d’énergies renouvelables en 2050, notamment grâce aux éoliennes en mer
Philippe Juvin est le seul candidat du congrès LR à mettre l’accent sur l’importance des services publics. Son expérience en première ligne à l’hôpital lors de la crise sanitaire du Covid-19 n’y est pas étrangère. Il propose notamment de mettre dans les hôpitaux 100 000 agents supplémentaires au contact des patients grâce au redéploiement de postes administratifs ou de back-office.