Cinq personnalités se présentent à la primaire du Pôle écologiste (coalition de Cap écologie, Europe Écologie-Les Verts, Génération.s, Génération écologie et le Mouvement des progressistes) visant à désigner le candidat écologiste à la présidentielle de 2022 : Delphine Batho, Jean-Marc Governatori, Yannick Jadot, Éric Piolle et Sandrine Rousseau.

Ces candidat.e.s seront départagé.e.s par 122 670 électeurs de 16 ans et plus lors d’un scrutin en ligne qui se tiendra du 16 au 19 septembre (premier tour) et du 25 au 28 septembre (second tour).

Les prétendant.e.s partagent tous.tes les cinq de nombreuses positions, notamment en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Tous.tes souhaitent notamment sortir le plus rapidement possible du nucléaire en développant les énergies renouvelables, tous.tes sont en faveur de la protection des animaux, quatre d'entre eux sont favorables à la légalisation du cannabis – Jean-Marc Governatori y est opposé – et tous.tes veulent développer les transports en commun et les mobilités douces, même si Jean-Marc Governatori se distingue à nouveau en étant contre la voiture électrique mais pour les biocarburants.

Tour d’horizon des candidatures et de ce qui les distingue.

Adhérente du Parti socialiste (PS) durant 24 ans, ancienne protégée de Ségolène Royal, dont elle est conseillère lors de la campagne présidentielle de 2007, Delphine Batho lui succède comme députée des Deux-Sèvres la même année. En 2012, elle devient cette fois-ci porte-parole de François Hollande, et se voit nommer ministre de l’Écologie après les législatives de juin 2012. Elle est limogée un an plus tard par le président de la République pour avoir critiqué dans une interview la baisse de budget de son ministère. Delphine Batho dénonce alors "un tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et qui prépare la marche au pouvoir de l’extrême droite dans notre pays", fustigeant au passage le pouvoir des lobbies économiques. Elle rejoint le camp des "frondeurs" du PS à l’automne 2014.

Réélue dans les Deux-Sèvres en 2012 puis en 2017, elle finit par quitter le PS en mai 2018 après avoir tenté, en vain, de concourir à l’élection du Premier secrétaire du parti. Elle prend alors la tête du petit parti Génération écologie et devient l’une des voix les plus entendues sur la lutte contre les lobbies et les pesticides.




- interdiction des pesticides par décret dès son arrivée au pouvoir


- souhaite instaurer un régime parlementaire
- propose un référendum pour supprimer l’élection au suffrage universel du président de la République


- prône la décroissance, le développement des circuits courts et de l’économie circulaire
- souhaite réorienter les aides de la politique agricole commune (PAC) et aux énergies fossiles vers une économie du bien-être relocalisée


- pas de position connue


- pas de position connue


- pas de position connue


En cas de victoire à la primaire écologiste, Delphine Batho souhaite maintenir sa candidature jusqu’au bout, sans chercher à faire alliance avec d’autres partis.


Outre son positionnement original sur le thème de la décroissance, Delphine Batho se distingue également par son absence de programme précis. L’ancienne ministre souhaite en effet coconstruire son programme avec les citoyens dans les mois qui suivront la primaire.

Ancien directeur de plusieurs magasins d’ameublement, Jean-Marc Governatori fonde en 2004 le parti La France d’en bas, qui devient un an plus tard La France en action. Il fait de l’écologie son axe principal, puis fonde l’Alliance écologiste indépendante (AEI) en 2009, dont il est tête de liste en Île-de-France la même année aux élections européennes (3 % des voix) et en 2010 aux élections régionales (1,4 %). Cinq ans plus tard, Jean-Marc Governatori est encore candidat aux régionales, mais en Provence-Alpes-Côte d’Azur, où il obtient 4 % des suffrages. Aux européennes de 2019, il soutient et finance la liste Alliance jaune menée par le chanteur Francis Lalanne (0,54 % des voix). Il parvient finalement à être élu lors des municipales de 2020 à Nice. Sa liste, Nice écologique, obtient 19,3 % des voix au second tour, lui permettant d’entrer au conseil municipal et à la métropole Nice Côte d’Azur.

En 2021, l’AEI et le parti de Corinne Lepage, Cap21, fusionnent pour donner naissance à Cap écologie. Il en partage la présidence avec l’ancienne ministre et représente dans cette primaire l’écologie centriste.




- mise en place d’une alimentation durable dans la restauration collective avec un choix végétarien quotidien dès 2022
- 50 % de produits bio et locaux d’ici 2025


- souhaite transformer le rôle du président de la République en un rôle honorifique
- veut mettre en place un triumvirat de Premiers ministres, élus respectivement par l’Assemblée nationale, le Sénat et une assemblée de citoyens tirés au sort
- instauration de la proportionnelle aux élections législatives et reconnaissance du vote blanc
- mise en place du référendum d’initiative citoyenne (RIC)


- vise le plein emploi grâce au développement de l’économie circulaire, des énergies renouvelables, des fermes paysannes et à la rénovation énergétique systématique des bâtiments
- soutenir et structurer les filières d’avenir dans la transition écologique pour créer des emplois de qualité non délocalisables
- flécher au moins 50 % des financements du plan de relance sur des activités favorables au climat et à la biodiversité
- stopper les financements aux impacts néfastes pour le climat ou l’environnement (aéroports, artificialisation des sols, énergies fossiles, 5G) en faveur d’une énergie d’origine 100 % renouvelable d’ici à 2050


- rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF)


- pas de position connue


- souhaite développer le Service public de la performance énergétique de l’habitat (SPPEH) pour accompagner tous les citoyens et leur proposer des financements suffisants - compte lancer dès son élection un grand débat public sur l'éducation qui durera six mois


Jean-Marc Governatori est le candidat le plus à droite de cette primaire écologiste et se revendique lui-même d’une écologie centriste. En cas de victoire, il ne compte donc pas entrer dans des discussions pour une candidature commune à gauche. Son but est de rassembler autour de l’écologie la gauche modérée et la droite modérée.


Outre son positionnement bien plus à droite que ses quatre concurrents, Jean-Marc Governatori est le seul candidat de cette primaire à ne pas être vacciné contre le Covid-19. S’il assure ne pas être anti-vaccin, une vidéo postée le 4 août sur Facebook a toutefois créé la polémique. "Quand on nous dit vaccinez-vous et tout ira bien, on fabrique des maladies", affirme-t-il notamment dans cette vidéo.

Issu du monde des ONG, directeur des campagnes de Greenpeace France entre 2002 et 2008, Yannick Jadot est élu député européen sous l’étiquette Europe Écologie lors des élections européennes de 2009. Il est le porte-parole d’Eva Joly, candidate d’Europe Écologie-Les Verts à la présidentielle de 2012, mais démissionne en novembre 2011 après les critiques émises par la candidate EELV concernant le Parti socialiste. Réélu en 2014 au Parlement européen, où il est vice-président de la commission du commerce international, Yannick Jadot remporte en 2016 la primaire écologiste. Mais en février 2017, il décide de retirer sa candidature à la présidentielle au profit de celle du socialiste Benoît Hamon. Les élections européennes de 2019 sont pour lui l’occasion de revenir sur le devant de la scène. Sa liste obtient 13,47 % des suffrages, finissant en troisième position derrière celles du Rassemblement national et de La République en marche.

Devenu très médiatique, Yannick Jadot envisage un temps de se présenter à la présidentielle de 2022 sans passer par la case "primaire". Il décide finalement en juin 2021 de rallier le processus mis en place par le Pôle écologiste.




- interdiction des néonicotinoïdes et du glyphosate dès 2022
- fin des aides publiques aux fermes utilisant toujours des pesticides après 2030
- d’ici 2030, 30 % des fonds de la politique agricole commune (PAC) à destination de la restauration collective publique pour avoir 100 % de produits bio, de qualité et de proximité
- suppression de la TVA sur les produits bio et de proximité pour rendre l’alimentation saine accessible à tous


- retour au septennat pour le président de la République, mais non renouvelable- instauration du vote à la proportionnelle et de la parité aux élections législatives


- investir 50 milliards d’euros par an, dont 20 milliards pour la transition écologique, permettant de créer plus d’un million d’emplois non délocalisables et répartis sur tout le territoire
- nouvelle loi SRU imposant la réalisation de 30 % de logements sociaux avec rénovation thermique dans chaque commune
- conditionner les aides publiques aux entreprises au respect de l’environnement, du progrès social et de l’égalité entre les femmes et les hommes


- souhaite un impôt sur le patrimoine à base large et produit élevé
- souhaite aligner la fiscalité du capital et celle du travail


- création d’un revenu citoyen de 650 euros par mois (première étape) à partir de 18 ans pour toute personne sans emploi et réalisant un projet ou une formation dans les métiers émergents ou étant dans une démarche d’insertion


- souhaite renforcer l’hôpital, l’éducation, la police et la justice au terme de plusieurs mois de concertations avec les personnels, les usagers, les collectivités et les acteurs de terrain
- déployer un "bouclier de services publics" autour des lieux de vie, en milieu urbain comme en milieu rural
- création d’un ministère de la Protection républicaine en lieu et place du ministère de l’Intérieur avec comme missions l’ordre public et la protection face aux risques, y compris environnementaux


Yannick Jadot se fait le chantre de l’union de la gauche depuis plusieurs mois, avec notamment l’organisation de réunions avec les représentants des autres partis au printemps. Néanmoins, la campagne des européennes de 2019, durant laquelle il lorgnait davantage vers le centre que vers la gauche, lui colle à la peau. Il semble plus enclin à faire alliance avec le Parti socialiste pour 2022, mais derrière sa candidature, qu’avec La France insoumise.


C’est le candidat le plus connu de cette primaire écologiste. Député européen depuis 2009, ayant réussi un joli score lors des européennes de 2019, Yannick Jadot s’imagine depuis deux ans président de la République. Vainqueur de la primaire en 2016, il s’était désisté lors de la campagne présidentielle en faveur de Benoît Hamon.

Ancien cadre dirigeant du groupe informatique Hewlett-Packard, Éric Piolle est licencié en 2011 pour avoir refusé d’appliquer un plan de délocalisation. Il a également fondé en 2001 une société de gestion de risques financiers, Raise Partners, dont il possède toujours 0,5 % du capital.

Il fait ses débuts en politique à la fin des années 1990 en militant pour la semaine de quatre jours, mais c’est en mars 2010 qu’il est élu pour la première fois, au conseil régional de la région Rhône-Alpes, sous l’étiquette Europe Écologie. Candidat EELV en Isère aux législatives de 2012, il est battu (7,7 % des voix), mais s’empare deux ans plus tard de la mairie de Grenoble, devenant seulement le deuxième maire écologiste de l’histoire d’une ville de plus de 100 000 habitants. Éric Piolle est réélu en 2020, porté par une large liste d’union de la gauche (EELV, LFI, PCF, etc.), mais au sein de laquelle ne figure pas le Parti socialiste. Représentant de l’aile gauche d’EELV, il annonce sa candidature à la primaire écologiste de 2021 à l’issue des élections régionales de juin 2021.




- rendre obligatoire les options végétariennes dans la restauration collective
- création de 25 000 fermes communales maraîchères et agroécologiques d’ici à 2027
- réorienter l’usage des 14 milliards d’euros d’argent public subventionnant l’agriculture française pour sécuriser les pratiques agroécologiques et soutenir les conversions


- souhaite organiser le même jour la présidentielle et les législatives
- instauration de la proportionnelle aux élections législatives avec une prime majoritaire
- création d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC)
- assurer l’indépendance des magistrats du parquet


- revaloriser l’ensemble des bas salaires d’au moins 10 %
- construction de 750 000 logements sociaux de type bâtiment basse consommation (BBC) sur le quinquennat


- augmenter drastiquement l’impôt sur les revenus les plus hauts et les successions les plus élevées
- suppression de la "flat tax" et création d’un impôt sur la fortune (ISF) climatique
- lutter contre la fraude fiscale


- instauration d’un revenu minimum dès 18 ans


- création de 35 000 postes d’enseignants et de personnel éducatif, dont 7 500 dès la première année du quinquennat
- création de 130 000 emplois communs au service de l’éducation pour soutenir la transition écologique en faisant le lien avec le monde associatif et la nature
- augmenter les moyens de la justice, 20 000 embauches prévues
- limiter la tarification à l’activité (T2A) à l’hôpital et embaucher 20 000 soignants


Éric Piolle se considère comme le point d’équilibre à gauche entre Jean-Luc Mélenchon et le Parti socialiste. Capable de parler à tout le monde, il espère convaincre la gauche de le rejoindre en cas de victoire à la primaire. Ses idées, comme l’ISF climatique ou la revalorisation des bas salaires, sont toutefois nettement marquées à gauche.


Principal challenger de Yannick Jadot dans cette primaire, Éric Piolle propose le programme le plus abouti et le plus fourni en propositions. Outre une volonté plus marquée de faire du social, il se distingue aussi par ses propositions de refonte de la police avec une réforme du code de déontologie et le redéploiement d’une police de proximité.

Enseignante-chercheuse à l’université de Lille, Sandrine Rousseau est spécialiste de l’économie de l’environnement. Elle adhère à Europe Écologie-Les Verts lors de la campagne des européennes de 2009, pour laquelle elle est candidate sur la liste Nord-Ouest, sans être élue. De nouveau candidate en 2010, aux élections régionales dans le Nord-Pas-de-Calais, Sandrine Rousseau est cette fois-ci élue, puis devient vice-présidente du Conseil régional de 2010 à 2015. Elle intègre également le bureau exécutif d’EELV en 2011 et devient la candidate du parti, sans jamais l’emporter, à plusieurs élections (législatives 2012 dans le Nord, municipales 2014 à Villeneuve-d’Ascq, régionales 2015 en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, législatives 2017 dans le Nord).

Au-delà de ce parcours électoral, Sandrine Rousseau est surtout connue pour son engagement contre les violences sexuelles. Au printemps 2016, elle et trois autres élues écologistes accusent publiquement Denis Baupin, alors député EELV et vice-président de l’Assemblée nationale, de harcèlement sexuel. Sandrine Rousseau quitte le parti écologiste un an et demi plus tard pour se consacrer à la lutte contre les violences sexuelles. Elle revient en septembre 2020 et annonce à l’automne sa candidature à la primaire écologiste, indiquant que son retour en politique a été notamment motivé par la nomination de Gérald Darmanin, accusé de viol, comme ministre de l’Intérieur. Elle se réclame de l’écoféminisme.




- interdiction des OGM, des pesticides de synthèse
- limitation de l’utilisation des engrais


- mise en place d’une Convention citoyenne pour la démocratie visant à instaurer une VIe République pour plus d’autonomie des pouvoirs législatif et judiciaire
- mise en place du jugement majoritaire pour les élections, reconnaissance du vote blanc, proportionnelle intégrale pour les élections territoriales
- création d’une Chambre citoyenne au Parlement


- orienter les 500 milliards gérés par la sphère publique et parapublique (institutions financières, caisses de retraite, etc.) vers des activités 100 % durables d’ici 5 ans
- mise en place de la semaine de 4 jours
- en faveur d’une énergie d’origine 100 % renouvelable d’ici à 2050


- mettre en place une fiscalité carbone juste, notamment en taxant les entreprises
- augmenter la progressivité de l’impôt sur le revenu


- mettre en place un revenu d’existence de 850 euros à partir de 18 ans (pour les personnes sans emploi) sous conditions individuelles de ressources


- replacer les services publics au centre de notre démocratie
- liberté pédagogique des enseignants de l’éducation nationale
- fin de la tarification à l’activité (T2A) à l’hôpital, revalorisation du secteur de la santé mentale
- réouverture des tribunaux de proximité


En cas de victoire à la primaire écologiste, Sandrine Rousseau souhaite être candidate jusqu’au bout et espère rallier à sa candidature d’autres forces de gauche. Elle se définit comme "radicale" et est davantage proche de Jean-Luc Mélenchon que du Parti socialiste.


Sandrine Rousseau met l’accent sur l’écoféminisme et se réclame du mouvement #MeToo. Elle fait de la protection des femmes et de leur représentation une priorité. Elle souhaite aussi garantir l’intégrité physique et morale des enfants intersexués et faciliter les démarches liées à la transition de genre. Elle veut instaurer l’imprescriptibilité des violences sexuelles envers les mineurs.