Alors que les élections européennes du 26 mai ont confirmé l'existence de deux forces politiques majeures réunies autour d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, beaucoup estiment qu'une troisième force, de gauche écologiste, pourrait être constituée si Europe Écologie-Les Verts, le Parti socialiste, Place Publique, Génération.s, le Parti communiste français et La France insoumise acceptaient de faire cause commune. Mais le chemin vers une éventuelle union de la gauche s'apparente à une course d'obstacles.
Appel au big bang ou demande de convergence : les tribunes signées par des représentants politiques ou personnalités des milieux enseignant, associatif, culturel et syndical appelant à l'union de la gauche se multiplient depuis les élections européennes.
Les signataires de ces tribunes font le même constat : le scrutin européen du 26 mai a une nouvelle fois souligné l'émiettement des forces de gauche. Alors que le Rassemblement national (23,31 %) et La République en marche (22,41 %) sont arrivés largement en tête des votes, représentant deux blocs politiques, l'un de centre-droit et l'autre d'extrême droite, la gauche écologiste, elle, a fait étalage de ses divisions.
Pourtant, les électeurs de cette famille politique auraient bien voulu ne pas avoir à choisir entre plusieurs listes qui portaient, dans les grandes lignes, le même projet : 69 % des sympathisants de gauche souhaitaient ainsi voir émerger une liste d'union portant un programme commun de gauche écologiste, selon un sondage Ifop publié le 6 décembre 2018.
Durant plusieurs mois, le mouvement Place publique, co-fondé par l'essayiste Raphaël Glucksmann, l'économiste Thomas Porcher – ce dernier a depuis quitté le mouvement – et l'activiste écologiste Claire Nouvian, a tenté de réunir autour d'une même table Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Olivier Faure (Parti socialiste), Benoît Hamon (Génération.s) et Fabien Roussel (Parti communiste français) pour parvenir à un accord. En vain, chacun avait de bonnes raisons pour ne pas faire l'union.
"Le problème, ce sont les individus à la tête de ces appareils qui ont pris des options stratégiques qui sont personnelles par rapport à ce qui est la vraie échéance de la vie politique française : la présidentielle, regrette aujourd'hui Claire Nouvian. Notre monde politique en France a un regard qui est en permanence tourné vers la présidentielle. Les militants et les électeurs veulent l'union, mais les leaders politiques ont préféré utiliser cette élection européenne pour établir leur marque."
À ce petit jeu, les urnes ont livré leur verdict : en arrivant troisième du scrutin, Europe Écologie-Les Verts (13,47 %) est, à gauche, le grand gagnant des européennes, tandis que La France insoumise (6,31 %), qui revendiquait le leadership à gauche depuis deux ans, en est le grand perdant. En s'alliant au mouvement Place publique, le Parti socialiste (6,19 %), qui tente toujours de se remettre de sa double débâcle de 2017, a sauvé les meubles en dépassant le seuil des 5 % qui permet d'obtenir des élus. Enfin, Génération.s (3,27 %) a échoué à faire élire des députés européens mais a réussi à franchir le cap des 3 % synonyme de remboursement des frais de campagne, ce qui n'est pas le cas du Parti communiste français (2,49 %).
Depuis, les appels au rassemblement fusent de toutes parts. Deux tribunes ont été remarquées : "Pour un big bang de la gauche", publiée le 4 juin dans Le Monde, et "Convergeons !", publiée le lendemain dans Libération. La députée insoumise Clémentine Autain était à la baguette de ces deux textes. Ils ont également été signés par l'ancien eurodéputé Guillaume Balas, bras droit de Benoît Hamon chez Génération.s, pour qui il n'y a plus de temps à perdre.
"En 2022, si jamais il y a plusieurs candidats de gauche, il est assez certain que nous ne serons pas au deuxième tour de l'élection présidentielle et que nous laisserons La République en marche et le Rassemblement national face à face pour la deuxième fois, analyse-t-il. Et si cela arrive, il y a de très grandes chances pour que la gauche française soit entraînée dans une traversée du désert qui se comptera en décennies. Donc la question de la future élection présidentielle et de notre participation au deuxième tour est absolument primordiale si jamais nous voulons que la société ne se désagrège pas. Et pour cela, il n'y a pas d'autre choix stratégique que de faire une union qui aille de La France insoumise jusqu'à Yannick Jadot."
Le discours est identique du côté du Parti socialiste. "Il y a un bloc d'extrême droite, il y a un bloc de droite, il faut aussi qu'il y ait un bloc de gauche et de l'écologie qui se formalise progressivement et qui permette d'être une alternative, décrit le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure. Nous devons parvenir, ensemble, à projeter un imaginaire global, commun, qui donne à nouveau envie de basculer côté gauche et écologiste. Parce que le pire scénario, c'est celui des élections européennes."
"L'état d'esprit des communistes aujourd'hui, c'est de créer les conditions pour qu'il y ait le rassemblement le plus large sur des sujets qui peuvent améliorer la vie de nos concitoyens, assure pour sa part le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. J'espère qu'on va réussir à dépasser les problèmes de personnes parce qu'il y a urgence à ce qu'on redonne espoir et des perspectives à gauche. Il faut mettre de côté les egos et les nombrils pour se rassembler sur des idées et des perspectives."
"Ego" : un mot qui revient régulièrement lorsque l'on parle d'union avec les représentants des partis politiques de gauche. "La politique et la conquête du pouvoir, c'est un combat de coqs, lâche Claire Nouvian, désespérée par ce qu'elle a vu durant des mois de campagne. Ce sont des chefs à plumes qui sont dans une sclérose égotique, dans une boursouflure de leur image et de leur importance, et qui ont une perception d'eux-mêmes totalement déconnectée de la réalité. Tout le monde disait : 'On veut bien faire l'alliance avec vous, mais derrière nous'."
Depuis les élections européennes, c'est Yannick Jadot qui semble vouloir endosser le rôle du coq en parade. Son discours au soir du 26 mai et ses récentes interviews dans les médias donnent l'impression qu'il souhaite désormais attirer à lui l'ensemble des électeurs de gauche, mais sans prendre la peine de s'allier avec les autres leaders de cette famille politique. "Le mandat que nous avons reçu avec cette élection, c'est de sauver l'avenir, pas le passé, sauver le climat et pas les vieux appareils. Je ne participerai pas à un rafistolage du paysage politique du XXe siècle. […] Les jeunes ne nous ont pas donné mandat pour nous asseoir autour d'une table avec Olivier Faure, Benoît Hamon et Fabien Roussel, mais pour agir concrètement sur le climat", déclare-t-il dans un entretien au Monde, publié le 5 juin. Des propos qui inquiètent sur un possible désir hégémonique.
Du côté d'Europe Écologie-Les Verts, on se veut rassurant. "On ne dit pas qu'il ne faut pas faire avec les autres, assure Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe et porte-parole d'EELV. En revanche, on dit qu'il ne faut pas se tromper de combat. Notre bataille, c'est ni libéralisme, ni nationalisme. À partir de là, on pourra avancer. Mais on n'avance pas dans des coalitions factices. On avance parce qu'on a un projet partagé, un objectif partagé. On peut avoir des divergences sur certains points, sur la méthodologie, sur des façons de faire, mais il faut au moins que le projet de société soit commun. Pour cela, il faut qu'on se réinstalle autour d'une table, qu'on rediscute."
Entre la ligne Jadot et celle du parti, également portée par son patron, David Cormand, difficile d'y voir clair. Il faudra sans doute attendre plusieurs mois, voire les élections municipales de 2020, pour que se dessine plus précisément la stratégie des Verts.
Le flou règne tout autant à La France insoumise (dont les responsables n'ont pas donné suite à nos demandes d'interview). Le faible score de la liste menée par Manon Aubry aux européennes a renvoyé Jean-Luc Mélenchon cinq ans en arrière, ou presque, et provoqué des débats entre membres de LFI par médias interposés. D'un côté, Clémentine Autain et François Ruffin plaident pour la fin du "populisme de gauche". "Des murs ont été dressés là où, me semble-t-il, il aurait davantage fallu chercher à construire des passerelles", a affirmé la députée de Seine-Saint-Denis, le 27 mai, dans L'Obs.
De l'autre, Alexis Corbière assure dans Libération, le 6 juin, que la vocation des Insoumis est de représenter le peuple face aux élites. "En cette période où le clivage gauche-droite n'est plus le grand clivage structurant, nous devons porter notre propre clivage, décrit-il. Je considère qu'à l'avenir, c'est la question démocratique ou, pour le dire autrement, le respect de la souveraineté populaire, qui doit être la grande controverse que nous incarnons. Il renvoie dans un même camp les différents défenseurs de nos institutions autoritaires. La tâche de l'heure me semble moins être de rassembler la gauche radicale que de radicaliser la démocratie."
Pour l'heure, Jean-Luc Mélenchon reste silencieux. Dans un post de blog publié le 1er juin, le leader de LFI explique prendre le temps de la réflexion après la déception des européennes, mais annonce qu'il s’exprimera "après le 6 juin". "Je dirai mon appréciation du moment politique. Je proposerai une suite pour notre chemin et je dirai ce qu'il en sera pour moi", écrit-il.
Au-delà des cas EELV et LFI, dont les leaders semblent convaincus d'être en mesure de pouvoir prendre le leadership sur toute la gauche, c'est la logique même de survie des partis politiques qui annihile toute tentative d'union. Olivier Faure a beau clamer haut et fort qu'il souhaite le "dépassement des structures actuelles", il rappelle dans le même temps que les prochaines municipales pourraient rebattre les cartes. "Là, le vote utile a été capté par les écologistes parce que c'est une élection européenne et que, traditionnellement, ils sont ceux qui ont l'offre politique qui correspond le plus au mode de scrutin. Mais aux prochaines élections municipales, qui va incarner le vote utile à gauche ? Vraisemblablement, ce seront les socialistes, parce que nous avons les maires emblématiques, que nous sommes les mieux structurés et les plus nombreux", estime-t-il.
Chez Génération.s, malgré le faible score réalisé aux européennes, on trouve tout de même des raisons d'être optimiste. "Nous nous ancrons dans le paysage, affirme Guillaume Balas. Il y a un certain nombre de villes, et pas des moindres, où nous sommes au-dessus de 5 ou 6 %, ce qui est intéressant dans la perspective des municipales."
Même façon d'analyser la situation chez Fabien Roussel, qui a fait du retour de la "marque" PCF sa priorité au moment de son élection, en novembre 2018, à la tête du Parti communiste. "Il y a de la déception, mais cette campagne a aussi montré qu'il était important qu'on retrouve un Parti communiste français dans le paysage politique de gauche qui est en recomposition. Cette élection nous remet dans le jeu et le paysage politiques. La présence de notre liste, la dynamique autour de notre liste, les propositions que nous avons mises sur la table, font partie aujourd'hui du débat à gauche."
"Une stratégie d'établissement des marques" que condamne sévèrement Claire Nouvian, pour qui il est "irresponsable" et "égocentrique" de s'imaginer avoir "posé une option pour le coup d'après" malgré un faible score obtenu aux européennes. "Mais comment peut-on penser que c'est une victoire d'avoir fait quelques pourcentages tout seul dans son coin ?", s'insurge-t-elle.
Egos, logiques d'appareil : le chemin vers l'union est donc semé d'obstacles liés aux personnes et aux stratégies. Mais les questions de fond ne sont pas à négliger. L'ensemble des partis de gauche pensent-ils tous la même chose ? Proposent-ils tous la même vision de la société ?
Pour Guillaume Balas, la réponse est oui. "Chez Génération.s, nous avons des singularités sur la question du travail, sur la question du revenu universel ou de la taxation de l'intelligence artificielle. Mais quand on regarde le programme d'Europe Écologie-Les Verts, du Parti socialiste et de Place publique, quand on regarde, même, le programme de La France insoumise et celui du Parti communiste, il n'y a pas de divergences insurmontables. C'est totalement faux. En tout cas, bien moins que dans les années 1970 entre le Parti socialiste, qui était pour l'adhésion à l'Otan, et le Parti communiste français de l'époque, qui soutenait l'URSS. Là, nous voyons bien que sur la question écologique, sur la question sociale, sur la question démocratique, il y a tout à fait les moyens d'avancer ensemble. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de différences. Ça veut dire que ces différences sont dépassables."
"Il y a des propositions proches, mais aussi des divergences profondes, notamment concernant les traités européens, conteste toutefois Fabien Roussel, le patron du PCF. Ces élections européennes ont toujours opposé ceux qui pensent qu'on peut changer l'Europe en conservant les traités européens et ceux, comme nous et les Insoumis, qui pensent qu'il faut changer profondément ces traités européens et en écrire d’autres. Or, un rassemblement n'aurait pas de valeur si on ne se met pas d'accord sur des questions aussi essentielles que celle-ci."
C'est également sur les divergences de fond que s'appuie EELV pour justifier son actuel refus de s'allier avec le reste de la gauche. "La différence entre nous et les gauches issues des siècles passés, c'est notre rapport au productivisme et à la consommation, explique David Cormand, dans un entretien au Journal du Dimanche, le 2 juin. Le compromis social-démocrate reste basé sur le dogme de la croissance. Cela explique en partie qu'ils soutiennent trop souvent de grands projets inutiles. Pour sauver le climat, il faut comprendre qu'une croissance infinie dans un monde fini n'est pas possible."
Dernière difficulté, et non des moindres : quel crédit apporter à la parole d'Olivier Faure et au Parti socialiste ? Le CICE, la loi Travail de Myriam El Khomri, son adoption en utilisant le 49-3, la déchéance de nationalité : le quinquennat de François Hollande a été vécu comme une trahison par de nombreux militants de gauche.
"Le terme de 'gauche', après le quinquennat Hollande, c'est vraiment difficile de s'en revendiquer, note Claire Nouvian de Place publique. Pour moi qui suis profondément de gauche mais qui me suis sentie tellement trahie par ce quinquennat, ça a été toute une préparation psychologique avant de pouvoir prononcer le mot 'gauche' pendant la campagne. Il a fallu l'inventaire qu'a fait Olivier Faure sur le quinquennat Hollande pour pouvoir se revendiquer à nouveau de gauche."
Ayant conscience de l'image écornée de son parti, le Premier secrétaire du Parti socialiste a en effet tenté, le 28 janvier 2019, de marquer une rupture avec les cinq années de la présidence de François Hollande, en dressant un bilan sévère de l'action du gouvernement entre 2012 et 2017.
"La confiance est un sentiment fragile, a-t-il déclaré. Elle exige de ne jamais être trompée. Tous les événements qui surgissent lors d'un quinquennat ne peuvent être prévus, mais la confiance suppose que les réactions du pouvoir soient prévisibles. En prenant les Français à revers, nous sommes devenus insaisissables. En sortant de notre socle de valeurs, nous avons perdu notre fiabilité."
Malgré ce discours critique, un sentiment de défiance colle toujours au PS. La campagne des européennes l'a montré : beaucoup de responsables de gauche ne pouvaient envisager une éventuelle union avec le parti de l'ex-président Hollande, à la fois en raison de son histoire récente, mais aussi parce que des soupçons pèsent sur ses réelles intentions.
"À chaque fois qu'il est question de discuter ensemble, on s'aperçoit qu'au final, la seule question, c'est comment reconstruire le Parti socialiste. Nous, ce n'est pas notre combat, affirme Sandra Regol, d'Europe Écologie-Les Verts. Ce n'est pas nous qui avons galvaudé les valeurs de la gauche, ce n'est pas nous qui avons noyé ces valeurs très nobles dans celles du libéralisme, dans une espèce de social-démocratie libérale."
"Je suis régulièrement interpellé dans la rue par des passants et neuf fois sur dix, la question de la confiance arrive dans la discussion, reconnaît Olivier Faure. Malheureusement, je n'ai que ma bonne foi et ma constance pour démontrer ma sincérité. Mais nos alliances pour les européennes, offrir la tête de liste à Raphaël Glucksmann ou défendre un sujet comme l'accueil des migrants, alors que c'est contre-productif électoralement parlant, ce sont aussi des façons de montrer que nous sommes en train de changer et que notre vision n'est plus seulement celle d'un parti de pouvoir, mais celle d'un parti qui a des convictions et qui se bat pour des idées."
La gauche écologiste parviendra-t-elle à bousculer le duel déjà annoncé pour le second tour de l'élection présidentielle de 2022 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ? À bien écouter les dirigeants de chaque parti, il y a des raisons d'en douter. Car même s'ils parviennent à mettre de côté leurs querelles et à s'accorder sur un projet commun, la question de la reconquête de l'électorat restera posée. Au fil des années et des élections, le vote populaire s'est peu à peu éloigné de la gauche pour s'installer soit dans l'abstention, soit au Rassemblement national.
"On est très fort pour dénoncer le capitalisme, mais on ne sait pas parler à ceux qui sont exploités et qui souffrent de ce modèle économique, admet Fabien Roussel. On a un vrai travail à faire d'éveil des consciences, de convictions. Car avec 22 millions de citoyens qui boudent les urnes et le RN en tête, c'est évident qu'il y a besoin de reconquérir les cœurs des classes ouvrières et des classes moyennes pour qu'elles s'intéressent à la politique, qu'elles s'en mêlent et qu'elles s'engagent."
Jean-Luc Mélenchon est parvenu à toucher une partie des classes populaires en 2017 en adoptant une ligne populiste qui a gommé le mot gauche de tout discours et qui jouait sur l'opposition entre peuple et élites, mais celle-ci est contestée par le reste de la gauche et aussi, désormais, au sein même de La France insoumise.
Se posera enfin la question de l'identité du candidat. Or, comme le souligne Guillaume Balas, "l'esprit concurrentiel fondamental et personnalisé de la Ve République n'incite pas à des contrats politiques collectifs". "C'est le grand problème de nos institutions actuelles : à la fin, il n'en reste qu'un", ajoute-t-il.
De fait, on imagine mal Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon se ranger derrière un autre candidat. Et même Fabien Roussel, quand on lui pose la question, n'est pas en mesure de déclarer possible l'absence d'une candidature communiste en 2022.
"Si on avait fait le rassemblement comme on souhaitait le faire, et si on voulait le faire pour les européennes, c'est précisément parce que ça aurait donné une lecture complètement différente de cette gauche écolo qui est fragmentée, et ça nous aurait donné une option pour gagner à la présidentielle, estime, désemparée, Claire Nouvian. Mais je pense que la gauche a raté une fenêtre historique et que le match, maintenant, va en effet se jouer entre Macron et Le Pen et qu'il va falloir attendre encore plus longtemps."