À quelques kilomètres du ranch de George W. Bush, dans la région de Waco, se trouve l’une des pires hantises d’Obama. Le stand de tir d’Hicksville, propriété d’Anamelia Voss et de son beau-père J.D. Hicks, renvoie une image inquiétante de cette frange de l’Amérique qui vénère les armes à feu et a perdu toute estime pour sa classe politique.
Dans la famille Hicks, on accueille les visiteurs avec un fusil mitrailleur.
“We don’t call 911” (“on n’appelle pas la police”) : d’entrée, l’inscription sur la casquette de J.D. laisse peu de doute quant à la confiance qu’il place dans les autorités. Pas la peine de le prier trop longtemps pour qu’il expose sa vision de l’Amérique depuis qu’Obama est à la Maison Blanche. Le discours est rôdé, il mêle théorie du complot, islamophobie et délire paranoïaque.
“Obama est musulman, tout le monde le sait, il suffit de regarder sur Internet. Mais ce que les gens ne savent pas, c’est que l’Amérique va bientôt connaître une nouvelle guerre civile, tout ça à cause de leur politique à Washington.”
À titre personnel, J.D. n’est pas inquiet : “La guerre, j'y suis préparé, j’ai tout mon arsenal”. C’est pourquoi jamais il n’acceptera de se soumettre à une législation plus stricte, comme celle que les démocrates essaient désespérément de faire passer après chaque nouvelle tuerie dans le pays.
À l’inverse, depuis le 1er janvier 2016, le Texas a encore assoupli la réglementation sur les armes à feu. Connu sous le nom “Open Carry”, une nouvelle loi permet aux Texans d’exhiber leurs armes dans les lieux publics, sans avoir à les dissimuler sous un vêtement. C’est ainsi que J.D va désormais régulièrement faire ses courses au Wallmart (la grande surface de la région) avec son pistolet à la ceinture.
Anamelia Voss teste sa dernière acquisition.
Mais tous les propriétaires d’armes à feu du Texas n’ont pas la gâchette aussi facile que les habitués du stand de tir d’Hicksville. Même chez les fervents défenseurs du deuxième amendement (celui qui garantit aux citoyens américains le droit de porter une arme), “Open Carry” ne fait pas l’unanimité. À la foire aux armes de Dallas, la plupart des exposants et des acheteurs ne sont pas contre un peu de régularisation.
Matt Whitmire, l’un des principaux marchands d’armes de l’État, vante les mérites du “background check” (vérification des antécédents), qu’il pratique avant chaque transaction. “Mon ordinateur est directement relié au serveur du FBI, qui, en quelques minutes, m’indique si le casier judiciaire de mon client est vierge.”
La foire aux armes de Dallas, l’occasion de renouveler son stock.
Pour lui, “Open Carry” va trop loin et ne fait que desservir la cause des amateurs d’armes, d’autant plus que le Texas sert de modèle à de nombreux États conservateurs en la matière.
“Ça ne sert rien de les exhiber, il faut simplement mettre les armes entre les bonnes mains et désarmer les gens non-éduqués, afin d’éviter les drames comme ceux d’Orlando ou de San Bernardino”. Pas simple quand on sait que les États-Unis comptent plus d’armes en circulation que d’habitants.