Au cours de la Première Guerre mondiale, plusieurs milliers de tirailleurs sénégalais, malgaches et indochinois ont séjourné dans les palaces et les hôtels de la ville de Menton, sur la Côte d’Azur, transformés en hôpitaux militaires. Nombreux sont ceux qui y sont décédés, des suites des blessures et maladies contractées sur les différents fronts de la Grande Guerre.

Ces soldats des colonies ont été inhumés dans le cimetière de la ville. Certains sous leur identité, d’autres dans l’anonymat. À l’occasion du centenaire de la guerre 14-18, l’association Mémoire du Tirailleur Sénégalais a tout mis en œuvre pour redonner un nom à chacun de ces hommes. Retour sur ce travail de mémoire et sur l’histoire longtemps oubliée des tirailleurs passés par Menton.








À la rencontre de Bakary Diallo et Alice Munet



Bakary Diallo,
les Mémoires d’un tirailleur

Bakary Diallo (1892-1978) naît près de Podor, à 200 kilomètres à l’est de Saint-Louis, au Sénégal. Ce berger peul décide de quitter ses terres pour s’engager dans l’armée française en 1911. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en août 1914, il débarque à Sète et rejoint le front en France. Mais après quelques semaines, le tirailleur sénégalais est grièvement blessé. Il est soigné dans différents hôpitaux dont ceux de la ville de Menton.

Dans son livre "Force-Bonté", publié en 1926, Bakary Diallo raconte son expérience de la guerre, ainsi que sa convalescence après sa blessure. Témoignage rare, cette autobiographie a été mal perçue, après l’indépendance des pays africains, accusée d’avoir un regard trop complaisant envers l’ancienne puissance coloniale.

À la fin du conflit, l’ancien soldat exerce plusieurs métiers dont celui de portier d’hôtel à Monte-Carlo, avant de retourner au Sénégal. Devenu chef de canton, il continue d’écrire, mais en langue peule, notamment des poèmes. Bakary Diallo s’est éteint en 1978, dans son village natal.



Alice Munet,
une infirmière au service des tirailleurs

Alice Munet (1870-1924) naît en 1870, dans l’Ain, au sein d’une bonne famille de la société lyonnaise, qui s’installe à Menton en 1908. Avec sa sœur Marie-Thérèse, elle suit alors une formation d’infirmière dispensée par la Croix-Rouge. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, elle commence à travailler dans les hôpitaux de la ville et décide de s’occuper principalement des tirailleurs sénégalais. Les deux sœurs Munet les accueillent dans leur villa de la Vierge pendant leur convalescence.

Après la guerre, elles se tournent vers Dieu et partent en Afrique pour des missions d’évangélisation. Elles fondent l’Institut des Missionnaires Catéchistes du Sacré-Cœur. Mais en 1924, Alice meurt des suites d’une infection contractée alors qu’elle soignait les tirailleurs. Marie-Thérèse poursuit son œuvre pendant de nombreuses années. L’Institut existe toujours et ses Sœurs travaillent aujourd’hui au Togo, au Bénin et au Cameroun.





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