L'anti-américaniste
Si les États-Unis reconnaissent le nouveau pouvoir en place à Cuba dès 1959, les tensions entre les deux pays ne tardent pas. Fidel Castro mène une réforme agraire limitant la propriété et lance d’importantes nationalisations des terres, allant jusqu’à exproprier des entreprises américaines. Voyant ses intérêts menacés, Washington suspend ses exportations vers Cuba en octobre 1960 et rompt les relations diplomatiques en janvier 1961.
Trois mois plus tard, la Maison Blanche soutient des exilés cubains formés par la CIA, qui tentent de débarquer dans la Baie des cochons. L’opération échoue mais n’est pas sans conséquences : Fidel Castro déclare alors le caractère socialiste de la révolution et se rapproche de son allié, l’Union soviétique, qui s’impose alors comme le principal partenaire commercial et économique de l'île – et ce, jusqu’à la chute du régime soviétique en 1991. L’embargo économique, commercial et financier américain est décrété en juin 1962 par John Fitzgerald Kennedy.
Entre 1959 et son retrait du pouvoir en 2008, Fidel Castro a résisté à pas moins de dix présidents américains : Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Ford, Carter, Reagan, Bush père, Clinton, Bush fils et Obama. Sa détermination à lutter contre l'impérialisme américain prend une forme extrême lors de l'installation de missiles nucléaires soviétiques à Cuba en 1962, provoquant l'une des plus graves crises de la guerre froide.
Dans une lettre datée du 27 octobre 1962, Fidel Castro demande au premier secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique Nikita Khrouchtchev de réagir par la force nucléaire si Cuba venait à être attaquée par les États-Unis. "Nous sommes alors à deux doigts d’une guerre nucléaire", a confié, par la suite, le dirigeant soviétique. Voulant éviter le pire, il s’entend avec John Kennedy sur un compromis : Khrouchtchev retire ses missiles de Cuba et en échange, la Maison Blanche s'engage à ne jamais envahir l'île. Interrogé trente ans plus tard sur les conséquences d’une éventuelle intervention nucléaire, Castro a reconnu que Cuba aurait alors "disparu de la carte".
Parmi tous les présidents américains, le dirigeant cubain a entretenu de bons rapports avec Jimmy Carter, qui, selon lui, "a fait part d’une meilleure attitude que ses prédécesseurs à l’égard de Cuba". "Il a été le meilleur président des États-Unis que j’ai connu, indépendamment de toute appréciation personnelle". Fidel Castro avait également une bonne opinion de John F. Kennedy, ainsi que de Bill Clinton.