Le baseball français
sur sa lancée

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L'anonyme stade de Sénart, en Île-de-France, est devenu, le temps d’un week-end, la capitale française du baseball. Cet évènement sans précédent dans le pays lève le voile sur cette discipline encore peu pratiquée dans l’Hexagone.




À Sénart, cette ville nouvelle de l’Essonne à 40 kilomètres au sud de Paris, le baseball est roi. Rien d’étonnant puisque l’équipe des Templiers est devenue championne de France de la discipline en août dernier et vainqueur du Challenge de France. Mais aussi parce que son stade accueille, en ce début du mois de septembre,  le tout premier tournoi international de baseball en France.

Le Japon, la Belgique et les Pays-Bas participent à la compétition qui servira de préparation au Championnat d’Europe en Allemagne et en République tchèque, du 12 au 21 septembre.

Contrairement aux idées reçues, ce sport inspiré du cricket n’est pas nouveau en France. Les premiers clubs ont vu le jour entre 1913 et 1914 et ont été gérés par la Fédération française de baseball et de softball (FFBS) dès 1924. Mais force est de constater que ce sport né aux États-Unis n’a pas réussi à s’exporter outre-Atlantique aussi bien que d’autres disciplines olympiques telles que le basketball.

Pourtant, depuis quelques années, le baseball arrive à gagner du terrain : la fédération comptabilise aujourd’hui 12 000 licenciés dans le pays. Si ce chiffre a doublé en cinq ans, la FFBS entend bien tout faire pour attirer de nouveaux adeptes. Et pour rendre ce sport encore plus populaire, elle entend miser sur une meilleure couverture médiatique.

1. Jouer à domicile

L a FFBS a monté une équipe nationale avec des joueurs qui évoluent en France mais aussi avec des talents venus d’outre-Atlantique. Si aucun pro de la ligue américaine ne devait figurer sur la liste des joueurs français, la fédération a fait preuve de flexibilité.

Au final, le groupe est motivé, performant et hétérogène, la meilleure sélection que le pays ait connue.

Mon rêve serait de jouer pro aux États-Unis et d’avoir une maison de vacances en France.”
Jonathan Mottay, lanceur

Le profil de Jonathan Mottay est à l’image de l’équipe : international. Le lanceur de 20 ans est né aux États-Unis, de parents français. Il a grandi en jouant au baseball et n’a jamais laissé tomber sa passion, même après son retour en France avec sa famille.

Il a évolué pendant plusieurs saisons à Toulouse avant de retourner dans son pays natal. Il s’entraîne maintenant dans l’université du Midland College, au Texas, où il étudie également la gestion des affaires.

Jonathan Mottay, lanceur


Du haut de son mètre 85, René Leveret est le géant de l’équipe. Le frappeur a grandi dans la petite île française de Saint-Martin, aux Caraïbes, et a débarqué pour la première fois en métropole la veille du tournoi.

À 28 ans, il compte déjà 10 saisons à son actif comme joueur pro aux États-Unis, en Italie et au Canada. Réputé pour sa force et son fair-play, il évolue actuellement en l'équipe canadienne les Capitales de Québec.

René Leveret, première base


Maxime Lefevre, 23 ans, est entré dans l’histoire en 2011 quand il est devenu le premier joueur français à rejoindre le championnat universitaire (NCAA).

Il a passé sa première saison professionnelle avec les Capitales de Québec, aux côtés de Leveret. Puis est revenu en France en 2013 pour endosser le maillot des Huskies de Rouen, l’équipe qui a dominé le baseball français ces dernières années.

Maxime Lefevre, joueur de seconde base



2. "Emmène moi au baseball"

La confiance est primordiale"
Éric Gagné, sélectionneur de l’équipe de France

Pour briller au niveau international, la Fédération a fait appel à Éric Gagné, le célèbre Dodgers, trois fois all-star en Ligue majeure de baseball, détenteur du trophée Cy Young (meilleur lanceur) et vainqueur des World Series en 2007 avec les Boston Red Sox.

Ce Québécois, qui a mis un terme à sa carrière en 2009, a accepté de relever le défi : hisser la France au rang des meilleures équipes de baseball en Europe. Mais aussi la qualifier pour la  World Baseball Classic en 2017.

Éric Gagné, sélectionneur de l’équipe de France


Atteindre la World Baseball Classic n’est pas juste un rêve pour la FFBS. Elle entend mener la sélection nationale le plus loin possible dans ce tournoi. La compétition organisée tous les quatre ans offre aux 16 équipes sélectionnées une énorme opportunité en terme de couverture médiatique, mais aussi en terme financier via les droits télévisés.

L’argent n’est pas un sujet tabou pour David Meurant, vice-président de la FFBS et directeur du tournoi à Sénart. L’ancien joueur ne cache pas le besoin criant de financements, notamment pour éponger les dettes de la fédération qui s’élevaient à environ 250 000 euros il y a cinq ans. Elles ont depuis été réduites de moitié, en doublant le nombre de licenciés.

Le combat reste quotidien pour convaincre les autorités françaises d’investir dans les terrains de baseball ou encore de remettre à niveau ceux existants. Pour David Meurant, disposer des meilleures installations est le meilleur moyen d’attirer de nouveaux adeptes en France, afin d’obtenir des subventions plus importantes et de décrocher plus de sponsors.

En attirant un large public au tournoi international de baseball à Sénart, la fédération arrivera-t-elle à susciter plus de vocations ? La plupart des supporters sont, eux, uniquement venus pour le plaisir d’entendre le bruit sec de la batte en bois qui frappe la balle, ou encore celui de regarder les joueurs sprinter vers les bases.

Stéphane, 43 ans, qui habite dans la ville voisine de Saintry, a emmené sa famille pour assister à leur tout premier match. Il y a pourtant joué en tant qu’amateur il y a 25 ans. Il a avoué, tout en regardant les joueurs courir pour attraper une chandelle, que ce sport lui manquait un peu et qu’il reprendrait bien l’entraînement.


Casquettes bleues sur leur tête, les enfants s’extasient devant le jeu : l’équipe de France vient de remporter le match contre la Belgique. Le temps des autographes est venu… La France n’est peut-être pas le pays du baseball pour tout le monde. Mais il l’est pour certains.



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